L’improvisation musicale reste un domaine souvent mystérieux pour beaucoup d’entre nous.
« J’ai fait 10 ans d’études de piano disent souvent de grands élèves et je suis incapable d’improviser une mélodie avec une harmonie spontanée ».
D’autres ajouteront : « Comment faire pour improviser, existe-t-il une méthode d’apprentissage ? J’essaye parfois quand je suis seul, mais je ne sais comment m’y prendre et puis ce que je fais reste banal » etc.etc.
Le don d’improvisateur, comme celui de l’oreille absolue n’est pas donné à tout le monde, c’est une vérité.
Néanmoins, il existe chez chacun d’entre nous à un degré divers une capacité de créativité que l’on peut développer grâce à une méthodologie appliquée.
On constate cependant une carence évidente chez les pianistes, même professionnels, qui le disent eux-mêmes, parce qu’ils n’ont jamais été mis en situation au cours de leurs études ou qu’ils n’ont pas eu l’occasion de pratiquer ce qu’on appelle l’harmonie au clavier.
Cette tradition de l’improvisation présente chez la plupart des grands compositeurs des XVIIIème et XIXème siècles s’est perdue peu à peu au cours de ce dernier siècle. Elle s’est perdue également chez les instrumentistes et par conséquent chez les professeurs. Ainsi la plupart des grands compositeurs ou des grands pianistes d’aujourd’hui ne pratiquent pas l’improvisation.
Pourtant cette tradition s’est heureusement perpétuée chez les organistes, ce qui prouve bien que cela n’a rien à voir avec notre siècle ou la modernité.
Ce qu’on nomme improvisation, est la capacité d’inventer spontanément une mélodie, des harmonies, des arpèges, et des rythmes qui forment la trame de toute pièce musicale pianistique. Car l’improvisation sur un piano n’est pas que mélodique ce qui complique forcément sa pratique.
Comment apprendre à improviser
La première phase d’apprentissage, la plus simple, consiste à mettre un élève en situation et lui proposer quelques notes de départ à développer tant bien que mal uniquement sur le plan mélodique.
En effet il est très difficile voire impossible sauf exception pour un élève très doué, de vouloir tout imaginer en même temps, à savoir une mélodie et un accompagnement simultané, car précisément et contrairement à ce qu’on pourrait penser, une simple mélodie n’est pas forcément si facile à créer. Or, l’élève doit déjà pouvoir se concentrer uniquement dessus.
Ensuite on peut lui proposer de développer une petite mélodie sur un intervalle de main gauche formé d’une quinte (faite de la fondamentale et de la dominante, qu’on appelle le « bourdon ».
Puis essayer d’utiliser à la main gauche un minimum d’accords parfaits sous leur forme de base, notamment d’abord ceux des I ers et Vêmes degrés, puis en y incluant ensuite le IVème degré.
Cette manière de procéder peut paraître simpliste, mais c’est pourtant le point de départ d’une réussite future.
En effet et par analogie, on peut affirmer que si, par exemple, un jeune élève en classe de français n’était jamais mis en situation d’écrire une petite rédaction même très courte, comment pourrait-il par la suite être capable de rédiger une dissertation française ?
Il en va de même pour l’improvisation au piano.
Le professeur est là pour guider, encourager, proposer quelques notes à la suite si l’élève se sent bloqué même sur des phrases courtes et simples, l’important étant de pratiquer cette créativité spontanée dès que possible après le tout démarrage des études de piano habituelles.
La seconde phase d’apprentissage, plus complexe, consiste à utiliser progressivement pour l’accompagnement, un nombre d’accords croissant au sein d’une même tonalité, puis d’aborder la pratique des modulations (changement de tonalité) pour en arriver à un discours plus élaboré.
Cela inclût forcément la notion d’arrangement pianistique (répartition judicieuse des notes d’un accompagnement). On en revient donc dans ce cas à la notion d’écriture que j’ai traitée dans la rubrique « initiation créativité musicale ».
Il est très important de considérer, que le fait de pratiquer une écriture pianistique directe est un enrichissement réel et efficace pour nourrir le contenu d’une improvisation.
La grammaire musicale que représente l’étude de l’harmonie pratique, c’est-à-dire l’harmonie au clavier (et non l’harmonie classique dite « harmonie papier ») est indispensable pour enrichir peu à peu le vocabulaire de l’improvisation. Penser le contraire serait une erreur.
L’écriture aide l’improvisation et l‘improvisation enrichit l’écriture, ces deux aspects de la pédagogie de la créativité sont indissociables mais certainement pas contradictoires comme on pourrait le croire de prime abord.
Enfin, pour conclure cette rubrique il faut, pour savoir bien improviser, pratiquer régulièrement cette discipline en parallèle avec les études classiques de piano. Là encore, et comme pour tout le reste en musique, il convient d’être patient et persévérant, et le plaisir sera au rendez-vous.
Voici une improvisation filmée.
L’inspiration est tout à fait fortuite, sans thème particulier de départ si ce n’est qu’elle commence dans la tonalité de LA mineur.
La réalisation spontanée est principalement faite d’arpèges et évolue sur diverses tonalités pour revenir à la fin dans en LA mineur dans l’esprit des créations tonales classiques et romantiques.
Cet exemple d’improvisation pianistique montre que de la musique spontanée peut se faire également en dehors de tout contexte jazz qui pour beaucoup est le seul concept d’improvisation.
Cette habitude d’improvisation s’est perdue dans l’ensemble chez les pianistes classiques d’aujourd’hui, mais elle reste tout à fait possible.
C’est pourquoi je voulais en donner un exemple.
Mes enseignements musicaux
– Cours particuliers de piano
– Cours particuliers de musique (Solfège, harmonie, créativité musicale)
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